Les magasins véganes se développent dans l’hexagone

Longtemps considéré comme un régime alimentaire austère, voir sectaire, le véganisme a, depuis peu, vu son influence progresser rapidement au sein de notre Hexagone.

Maltraitance animale, pollution engendrée par l’élevage intensif ainsi que par l’industrie agro-alimentaire, multiplicité des maladies dues à la consommation de viandes… aujourd’hui, les arguments qui mettent en exergues les bienfaits de la nourriture végétalienne ne manquent pas, et contribuent grandement à son essor. Un essor qui se traduit par un timide, mais néanmoins encourageant, changement des habitudes de consommation des français.

Ainsi, quantité d’épiceries spécialisées dans l’alimentation végane se sont multipliées ces dernières années, plus particulièrement à Paris, et dans quelques (trop rares) villes de province. Audacieuse et créative, la cuisine végétale est devenue un concept de partage en forte croissance, que les principaux protagonistes (des passionnées pour la quasi-totalité d’entre eux) aiment à faire partager, notamment à travers des séances de dégustation, où dans l’évènementiel. C’est par exemple le cas de Mon épicerie Paris, qui propose des séances de dégustation à la demande pour ses clients les plus curieux, ou bien encore L’ère Végane, un magasin d’alimentation récemment ouvert à Strasbourg, qui organise fréquemment des ateliers découvertes à destination d’une clientèle de plus en plus demandeuse. Et parce que le partage a toujours été des plus efficaces dans le secteur du commerce, ces mêmes passionnés alsaciens s’investissent également, grâce aux 150 mètres carrées de leur surface de vente, dans l’organisation de réceptions ayant pour thème le véganisme.

Bien qu’en relative expansion, les épiceries et magasins d’alimentation spécialisés dans la cuisine végétale reste relativement modestes en France, se cantonnant en général à Paris et son agglomération. La plupart du temps indépendantes, ses enseignes se sont spécialisées dans un véganisme culturel, qui ne se cantonne pas uniquement à la nourriture. Ainsi, des enseignes telles que Aujourd’hui Demain à Paris, ou Vegan et Vous à Houdan (Yvelines) proposent un large éventail de produits équitables : Mode et accessoires, livres, produits alimentaires pour animaux, musiques… une pluralité de plus en plus riche, qui ne dépasse cependant que rarement le stade de l’échoppe et du petit commerce.

Véritable précurseur en province « UN MONDE VEGAN » est devenu le lieu de rendez-vous incontournable des véganes parisiens et lyonnais.
Au cœur de l’intense pulsation parisienne, l’épicerie AUJOURD’HUI DEMAIN a su multiplier sa gamme de produits dévoués au mode de vie végane.

En 2017, la chaîne de magasins Naturalia a ouvert trois magasins en Ile-de-France

L’industrie agroalimentaire pèse lourd, très lourd, et la grande distribution, sa principale partenaire, est tout aussi gargantuesque. Dans le milieu ultra concurrentiel des hypermarchés français, la nourriture végane et végétarienne a cependant réussi à s’imposer d’elle-même, souvent modestement, mais avec une évolution notable. Pour la seule année 2017, la chaîne de magasins Naturalia a ouvert trois magasins en Ile-de-France, totalement dédiés au véganisme (Naturalia Vegan). Une petite révolution, plutôt prometteuse, qui pour l’instant ne profitera malheureusement qu’aux seuls parisiens. De son côté Natureo, filiale du groupe Intermarché (premier poissonnier de France) commercialise de nombreux produits végétariens et véganes depuis le début des années 2010.

Malgré ces changements encourageants, bon nombre de végétariens et de véganes résidant en province rencontre des difficultés pour vivre pleinement leur régime alimentaire, se tournant le plus souvent sur le seul commerce capable de satisfaire leurs exigences : Internet. En forte croissance depuis des années, la vente en ligne de produits d’alimentation végétale reste la principale source d’influence auprès des vegans. La multiplicité des sites parle d’elle-même, et parmi les plus important nous pouvons citer : un monde vegan, boutique vegan, laveganfactory, et the vegan shop. Tous les trois affichent une généreuse gamme de produits allant de l’alimentation à la décoration, tout en passant par les produits d’entretien.

A deux pas de l’Allemagne, l’épicerie strasbourgeoise L’ÈRE VÉGANE dispose de 150m2 consacrés aux produits éthiques véganes.
La chaîne NATURALIA a ouvert pas moins de 3 magasins 100% véganes pour la seule année 2017 au sein de la capitale et sa banlieue.
Le supermarché du futur existe déjà (photo Naturalia Vegan) : des produits uniquement BIO, ÉTHIQUES et VÉGANES.

Une mutation en avance chez nos voisins européens

Une fois sorti de ses propres frontières, le végane français constatera que le véganisme change, mute, prend des proportions qu’il n’avait jamais soupçonné alors… Loin d’être un simple particularisme alimentaire en Allemagne ou en Belgique (pour ne citer que ces deux pays frontaliers) le véganisme est avant tout une culture, qui s’est immiscée dans bon nombre d’aspects de la vie de tous les jours. Pour preuve, le végane français qui arrivera à Bruxelles (ville francophone où il se sentira comme chez lui), aura l’opportunité d’aller chez Vegasme (une grande épicerie spécialisée dans la nourriture vegane 100% biologique, et dans les circuits courts (en France se concept existe surtout à travers la chaîne de magasin Biocoop et dans les AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne). Il pourra également se rendre chez Dolma, un antre important du véganisme belge, qui cumule restauration et épicerie (car quitte à convaincre le consommateur, autant être sur tous les fronts). En Allemagne (où les végétaliens se comptent par millions), le végane français ne sera pas non plus en reste. Il pourra, à loisir, arpenter les nombreux rayons véganes (en France seul le Bio a cette faveur pour l’instant) des chaînes de magasins EDEKA ou encore DM, et y découvrir leur marque phare (la plus connue étant Alpro), entièrement dédiée à l’alimentation végétale. Rappelons qu’en France la marque Herta, qui vit essentiellement de l’exploitation animale, commercialise une étroite gamme de produit végétaux. Un paradoxe qui fait froid dans le dos…

Il est à noter que l’Allemagne fût le premier pays à accueillir (en 2011) une chaîne de supermarchés 100% véganes. Avec un démarrage en trombe Veganz se développa assez vite, en ouvrant des magasins partout dans le pays, ainsi qu’en Autriche et en République Tchèque. Cependant, grande distribution et véganisme ne font pas souvent bon ménage. Et le militantisme opiniâtre des nombreux commerces et réseaux véganes en Allemagne (soucieux notamment des circuits courts et de l’agriculture biologique), eurent raison de la chaîne de magasins VeganZ, qui finit par faire banqueroute à la fin de l’année 2016. Une leçon à retenir? Le problème est plus profond que ça.

Actuellement, l’Union Européenne dans son ensemble n’a adopté aucun texte légiférant sur l’alimentation végane. Deux avancées au tableau cependant, le fameux « V-Label » européen (créé sous l’impulsion d’associations végétariennes) a fait son apparition sur de nombreux produits alimentaires véganes et végétariens. Une surveillance spontanée des consommateurs eux-mêmes… face au vide abyssal des différentes institutions étatiques. Quant à la France, le label Eve Vegan a vu le jours, il y a quelques années déjà, sous l’impulsion de Vegan France. Un organisme de contrôle qui, contrairement au V-Label européen, accentue sa vigilance autour de produits 100% véganes, dont sont exclus toutes substances d’origine animale. Une initiative populaire et éthique qui n’a pas finit de faire parler d’elle.

Aux États-Unis, les rayons de produits véganes font légion… surtout dans les magasins traditionnels

C’est outre-Atlantique que le véganisme semble le plus développé. Au États-Unis, le monde culinaire des véganes n’est pourtant pas si différent de celui présent en Europe. Point de grandes surfaces 100% véganes à l’horizon, pas d’industrie pharaonique bâtie à la gloire du véganisme non plus. Rien de tout cela non. La différence primordiale réside principalement dans… l’attitude, et le volontarisme tenace des principaux protagonistes. Les magasins d’alimentation véganes sont légions en Amériques, assez anciens, et parfois implantés dans des endroits assez reculés. Vegan Heaven à Seattle, ou encore Heymaker’s à Brooklyn sont mondialement réputés. La Californie, quant à elle, est devenue le temple des végétariens et des véganes, avec de nombreux restaurants et marchés végétaliens, les fameux « Veggie Grocery Stores». La chaîne de supermarché Trader Joe’s (fondée en 1967) a fait le choix de commercialiser de l’alimentation végétalienne bio il y a bien longtemps. Le véganisme américain est différent de celui qui se développe en Europe. Il se décline avant tout comme un mode de vie à part entière, impactant tous les aspects du quotidien, et dont on n’a pas à rougir. Une preuve que le véganisme, au niveau d’un pays, ne peut exister que part la pugnacité et l’engagement de ses acteurs…

La grande distribution, de son côté, ne saurait être la distributrice du mode de vie végane, étant donné son implication importante dans la maltraitance des animaux et dans la pollution de la notre belle planète bleue. Et cela, la plupart des végétariens et véganes l’ont compris… par la force des choses…

Quelques références à visiter :

https://ere-vegane.fr/

https://vegasme.be/

https://www.boutique-vegan.com/fr/home/

Article par Sylvain Bernière, pour Vegan France.

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