La France interdit l’utilisation des termes « saucisse » ou « steak » pour les alternatives végétales : un décret controversé

Annoncé par le gouvernement français en septembre 2023, le décret interdisant l’utilisation de dénominations ‘carnées’ pour les produits à base de protéines végétales a été publié mardi 27 février 2024. Dans ce décret en débat depuis 2022 qui anime la communauté #viande contre la communauté #vegan, la France a pris une mesure controversée : interdire l’utilisation des termes « saucisse », « bacon » ou « steak » pour décrire les alternatives 100% végétales. Cette mesure, bien que destinée à clarifier la terminologie alimentaire, soulève d’importantes inquiétudes quant à ses implications potentielles, tant au niveau national qu’européen. De plus cette interdiction vise uniquement les entreprises basée en France, un nouveau coup de massue sur la frêle filière végétale française. Une décision contre productive au moment ou les enjeux de souveraineté alimentaire et enjeux écologiques font l’actualité.

Le contexte du décret


La décision de la France intervient dans un contexte de débat croissant sur la terminologie des aliments d’origine végétale. Avec la popularité croissante de l’alimentation végétarienne et végane, de nombreuses entreprises ont développé des alternatives à la viande qui imitent le goût et la texture des produits d’origine animale. Cependant, cela a également donné lieu à une controverse sur la manière dont ces produits devraient être étiquetés et commercialisés. L’origine du décret étant une possible confusion pour les consommateurs.

Au lendemain de la publication du décret , HappyVore, numéro deux français de la viande végétale, estime que « cette mesure crée une inégalité de traitement entre les entreprises françaises et étrangères, entravant ainsi la concurrence et l’innovation sur le marché des alternatives végétales. En visant uniquement les entreprises produisant en France, ce décret va à l’encontre de l’agriculture française, qui vend ses récoltes aux industriels français. Au contraire, ce sont les constructeurs européens qui sont alors privilégiés sur le marché français. Cela désavantage les acteurs locaux et freine leur capacité à innover pour répondre à la demande croissante d’une alimentation plus végétale », déplorent Guillaume Dubois et Cédric Meston, co-fondateurs d’Happyvore.

Pour Nicolas Schweitzer, co-fondateur et directeur de la marque La Vie, « ce décret est totalement en décalage avec les ambitions du pays en matière de réindustrialisation et de climat. Sous couvert de transparence pour les consommateurs, cette décision freine la transition écologique et met en péril une industrie locale en plein essor. Avec ses atouts agricoles et culinaires, la France a tous les atouts pour devenir un acteur incontournable des protéines végétales ».

Points clés du décret


Le décret français, adopté par le Parlement le 15 septembre 2023, stipule que seuls les produits d’origine animale peuvent être étiquetés avec des mentions telles que « saucisson » ou « steak ». Même si ceux-ci comportent une part non négligeable d’ingrédients d’origine végétale. Les alternatives 100% à base de plantes doivent utiliser des noms distincts qui n’impliquent pas de confusion avec les produits à base de viande. Par exemple, les hamburgers végétariens peuvent être étiquetés uniquement comme des « galettes végétariennes ». Dans l’autre sens, les produits étiquetés comme « végétal » peuvent continuer à comporter des œufs, lait et autres dérivés d’origine animale. Aucun décret n’est prévu pour protéger les consommateurs qui seraient trompés quant à leur produit étiqueté « végétal »…

Liste des termes interdits par le décret :

  • Filet
  • Entrecôte
  • Aiguillette
  • Bifteck
  • Steak
  • Escalope
  • Tendron
  • Grillade
  • Travers
  • Jambon
  • Boucher/Bouchère
  • Charcutier/Charcutière
  • Sauisson
  • Saucisse
  • Rillettes
  • Pépites
  • Lardons
  • Cordeau Bleu
  • Omelette

Des défis à surmonter

Les ‘veggie’ burgers et les nuggets de blé sont présents sur le marché européen depuis plus de 50 ans. Mais désormais ils dérangent. Le marché végane sortant de sa niche bouscule l’industrie de la viande. Certains commentent que cet événement va lancer une vague de nouvelles affirmations encore plus farfelues, aussi originaux ou amusants soient-ils. Préparez vos crayons !

Date d’application du décret


Le décret est entré en vigueur le mardi 27 février 2024, obligeant les fabricants et les distributeurs à adapter leurs pratiques d’étiquetage et de commercialisation aux nouvelles exigences du marché français.

Voir également l’article de EVE Vegan sur le sujet.

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