Depuis la sortie du nouveau Guide Alimentaire Canadien pour l’année 2019, celui-ci a fait beaucoup couler d’encre. Et cela avant même sa sortie puisque pour des raisons d’agenda politique, les représentants des filières œufs et poulets n’ont pas rencontré le Comité pour la Santé en Juin dernier et ont été invités à envoyer un mémo pour faire valoir leurs arguments.
Depuis 2017, il était déjà question d’un profond changement et c’est sans surprise, mais non sans moultes commentaires au Canada et partout dans le monde, que Santé Canada a publié en janvier 2019 son nouveau guide. Celui-ci fait la part belle aux fruits et légumes, aux céréales entières et aux aliments protéinés.
Exit les catégories « viandes et substituts » et « lait et substituts » qui avait aussi grincer des dents dans la version 2017. Ils introduisaient déjà une notion importante de l’alimentation : les produits d’origines animales pouvaient être substitués. Cependant, cela gardait un impact négatif dans l’inconscient collectif.
Désormais, la mouture 2019 parle d’aliments protéinés. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Cela signifie que les aliments type légumineuses (n’oublions pas que le Canada est le premier producteur mondial de lentilles) et oléagineux retrouvent la place qui leur est due dans l’alimentation des Canadiens. Personne ne pourra renier le fait que les fèves au sirop d’érables font partie intégrante du patrimoine alimentaire canadien.
Les aliments protéinés, notamment ceux d’origine végétale, font partie intégrante d’une alimentation saine. Incorporez des haricots, des lentilles, des noix, des graines, des viandes maigres et de la volaille, du poisson, des fruits de mer, des œufs, du lait plus faible en gras et des produits laitiers plus faibles en gras.
Chaque semaine, prévoyez quelques repas sans viande. Dans vos plats principaux, essayez d’utiliser :
- des haricots dans un burrito
- du tofu dans un sauté de légumes
- des pois chiches et des haricots dans des tacos
- des lentilles dans une soupe, un ragoût ou un mijoté
– Extrait du guide canadien 2019
Pour en savoir plus sur ce fameux guide, consultez le site de Santé Canada.
Pénurie de Tofu au Canada
Conséquence dans les supermarchés canadiens : pénurie de tofu. Le plus ancien producteur de tofu du Québec (1984) assure ne plus être – pour le moment – en capacité de fournir la demande. A savoir que ce type de produits est déjà disponible dans toutes les enseignes (même dans les hard discounters comme Maxi) depuis des années. En effet, ce même producteur constate une évolution des ventes de tofu de + 20 % chaque année depuis 5 ans. Il faut dire que la protéine de soja ou soya pour les québécois se consomme sous toutes ses formes : tofu, tempeh ou encore edammes.
Serait-ce du à la forte population asiatique présente dans les centres urbains de Toronto ou encore Montréal ? En tout cas, cette pénurie intervient également dans le cadre culturel où des chefs culinaires comme Jean-Philippe Cyr (Le Cuisine de Jean-Philippe – The Buddhist Chef) popularisent ces aliments auprès du grand public dans la presse ou encore les émissions de télévisions à forte audience.
Pendant ce temps-là en France
En France, notre Guide Alimentaire PNNS sur le fameux site www.mangerbouger.fr – version mise à jour récemment – reconnait (enfin !) que le végétarisme et le végétalisme sont des régimes équilibrés à part entière. Il n’y a pas de petites victoires, et les professionnels de la nutrition ne sont pas en reste comme l’ASPARES qui communique régulièrement.
L’association française des professionnels de santé ASPARES regroupant entre autres médecins et diététiciens travaille aux changement des mentalités sur l’alimentation végétale en s’appuyant notamment sur les études étrangères et la recherche sur la maladie cardiaque et le diabète. L’APSARES est une association à but non lucratif dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la santé publique par la promotion d’une alimentation responsable.
Une multitude d’études médicales mettent en cause la consommation régulière d’aliments d’origine animale dans l’apparition de nombreuses pathologies.[…] Parallèlement, un nombre croissant d’études médicales montrent que les alimentations végétariennes (sans viande ni poisson), y compris végétaliennes (aucun aliment d’origine animale), menées de façon appropriée, sont non seulement adaptées à toutes les périodes de la vie, mais en outre bénéfiques pour la santé humaine en général […] C’est donc en toute cohérence que de plus en plus d’organismes officiels de santé publique et d’organisations de professionnels de santé renommées recommandent une alimentation centrée sur les aliments végétaux et non animaux. » – Extrait du site ASPARES