Cédricia Maugars fondatrice du réseau C-CRU et végétalienne depuis sa naissance est une digne représentante de l’alimentation vivante en France.
« Je suis la preuve vivante qu’on peut être végétalienne et même crudi-végétalienne et être en parfaite santé ! » Cédricia est née à Paris en 1975 et a la rare particularité d’être végétalienne depuis sa naissance. C’est-à-dire d’avoir grandi et de s’être épanouie depuis ses premiers jours sans consommer de produits d’origine animale.
Le parcours de Cédricia est un parcours riche en expériences et vraiment inspirant ! Son attachement sans concession à la vie, au partage et à la non-violence montre que le mode de vie végétalien est bien loin d’être triste, excentrique ou dangereux. Créatrice, auteur, compositrice, interprète, militante, elle possède beaucoup de compétences et de sensibilité culturelle. Se définissant elle-même comme appartenant au courant des » Créatifs Culturels « , elle à baigné depuis sa tendre enfance dans l’art comptemporain et les sciences naturelles par ses parents. Cédricia et sa soeur de treize mois sa cadette, également végétarienne de naissance, ont vécu dans un foyer malheureusement marqué par la maladie. Atteinte d’une polyarthrite rhumatoïdale qui l’handicapait lourdement, la grand-mère maternelle de Cédricia a été » sauvée » par l’alimentation végétalienne qui lui permettra de vivre 10 ans de plus. A l’époque les parents de Cédricia ont cherché des solutions et ont découvert la théorie végétarienne grâce à Geoffroy, fondateur de La Vie Claire et à son livre » Tu vivras 100 ans « .
« Mes parents sont devenus végétariens et ils ont décidé que leur enfant le serait aussi. Je suis végétalienne de naissance ; n’ayant pas été nourrie avec des produits animaux, je n’aime ni les produits laitiers, ni les oeufs. Ma mère ne m’a pas allaitée à ma naissance car son lait n’était pas assez nourrissant ; et le lait en poudre de vache m’a rendu tellement malade que mon père a choisi de me nourrir exclusivement de bouillie de blé maltosée avec de la purée d’amandes, ce qui, en 1975, était une grande première dans notre pays. Par la suite ma grand-mère préparait nos repas du midi, avec des produits frais de son jardin ou du marché local. »
Dans les années 80 les parents de Cédricia ont créé une coopérative bio à Créteil, dans la banlieue de Paris. Cédricia a donc souvent accompagné son père à Rungis pour acheter des légumes bio qu’ils allaient livrer aux adhérents de leur immeuble.
« Chaque semaine nous nous rendions au marché de gros de Rungis afin de nous approvisionner en fruits et légumes biologiques pour la coopérative Campanule. Dans notre garage, nous faisions la distribution à une dizaine de familles de l’immeuble de ces produits et tous les plats préparés achetés : seitans, pizzas, salades composées, friands, tartelettes, saucisses et steaks végétaux ; tout ce que l’on trouve dans les supermarchés biologiques. «
À l’âge adulte Cédricia découvrira en 2006 le style de vie » crudi-végétalien « , ou » raw vegan » qu’elle adoptera très rapidement. Alors qu’elle était déjà végétalienne, adopter une alimentation majoritairement crue a, d’après elle, largement contribué à augmenter son bien-être, son énergie et ses performances.
À la cantine et à l’école, comment ton alimentation a été perçue par les autres ? Tes parents ont-ils eu des difficultés a faire respecter leur volonté concernant leurs enfants ?
« A la cantine, je ne mangeais pas comme les autres puisque ma grand-mère me préparait mon repas que j’emportais. Mes camarades se moquaient souvent de ma nourriture. En colonie de vacances également, je devais concilier mes repas avec les autres ou me cacher. Il y a eu souvent de questions de la part de mes camarades qui ne comprenaient pas pourquoi je ne mangeais pas de poulet frites ! «
Cédricia explique qu’elle se souvient que toute petite elle avait tenu tête presque une après-midi entière à la dame de cantine qui voulait lui faire manger du hachis Parmentier.
« Ce fut un vrai combat pour mes parents de trouver des personnes, y compris des médecins, qui respectaient leur choix alimentaire. Ce qui fut bien c’est que moi et ma soeur n’avons jamais eu de problèmes de santé, donc peu d’occasion d’aller chez le pédiatre. »
Comment s’organisait ta famille pour pouvoir manger végétalien, en France, dans les années 80 ?
« Enfant et adolescente, ce n’était pas facile de trouver des produits biologiques et sans viande. Mes parents allaient faire leurs courses à La Vie Claire (magasin biologique). «
La mère de Cédricia était spécialiste des repas du dimanche et des vacances. Elle préparait du couscous aux légumes, de la ratatouille provençale, des dattes fourrées à la pâte d’amande avec des noix dessus, des truffes au chocolat au lait de soja. Sa grand-mère préparait des feuilletés avec des crudités, des blettes avec une purée de pomme de terre maison, des haricots verts avec un coulis de tomates fraiches, des pommes de terre sautées ou des frites, des tartes à la myrtille et à la noix de coco, des gâteaux aux noisettes et au chocolat noir à la fleur d’oranger, du pudding avec de la farine complète. La cuisine de sa grand-mère était végétalienne car elle ne comportait ni oeuf ni lait.
« Je n’ai connu aucun manque. Je crois que l’alimentation végétalienne m’a permis d’être très sensible à tous les êtres vivants de notre planète. »
Quelques exemples d’alimentation « crudi-végétalienne » par Cédricia.
A l’âge adulte, as-tu eu envie de consommer des produits d’origine animale ?
« J’aurais pu être tentée de manger des hamburgers, mes parents m’en ont laissé le choix et la liberté. J’ai choisi de rester végétalienne par conviction spirituelle, respects des animaux et pour ma santé. Je ne mange pas de sous-produits animaux mais je complète mes apports en calcium par des amandes, des noix de toute sorte, et de la vitamines B12 avec de la spiruline. Mon alimentation se compose principalement de fruits et d’oléagineux le matin et de légumes, graines germées de préférence cru et biologique. J’aime cueillir directement les fruits et les légumes dans la nature et rencontrer les producteurs dans leurs fermes, surtout quand elles respectent les principes de la biodynamie. »
Comment vis-tu tes relations avec les personnes non-végétariennes ?
« Bien que végétalienne convaincue, je suis tolérante et je respecte chacun dans ses choix alimentaires. Je ne cherche à convaincre personne du bienfait du végétarisme, c’est un choix qui me regarde et me convient. Je suis heureuse que le végétarisme ne soit plus aussi marginalisé en France qu’il y a une vingtaine d’années, même si l’on ne retrouve pas encore des menus végétariens dans les cantines scolaires. «
Cédricia, un parcours riche et musical.
Dès l’âge de 4 ans Cédricia a suivi une formation musicale classique complète. Jeune membre de la Maitrise de Radio-France, elle à participé à de nombreux concerts et tournées. A 14 ans elle étudie le contrepoint, la composition musicale et le chant lyrique au conservatoire. D’abord choriste au sein d’ensembles vocaux comme le Choeur Sotto Voce de Scott Alan Prouty ou le Big Band de Daniel Raquillet elle est aujourd’hui professeur et chercheur associé à l’observatoire Musical Français. Docteur en musicologie diplômée de l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) elle est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les questions relatives à l’Education musicale au domaine de l’évaluation et participe aux recherches en éducation musicale, culturelle et humaine. Cédricia est également diplômée en animation sportive et titulaire d’une licence en langue et civilisation chinoise de l’institut National des langues et Civilisations Orientales. Parmi toutes les passions de Cédricia il y a aussi le voyage, et sa profession lui a donné l’opportunité de parcourir le monde et de visiter son pays préféré, la Chine en l’an 2000.
» Un vrai choc, je me sens vraiment là-bas sans pouvoir l’expliquer de façon rationnelle. Il y a d’ailleurs un gros projet de ville écologique près de Shanghai, j’adorerais y vivre. «
Cédricia pratique la musique, la danse et l’expression artistique.
Naissance du mouvement des » Créatifs culturels » en France en 2003.
Cédricia a le sens de la justice, du respect de la nature et attache beaucoup d’importance aux relations humaines. Sensible au développement personnel, elle pratique également depuis longtemps la danse, le yoga, la méditation et de nombreuses autres activités pour l’expression. Comme beaucoup de » Créatifs Culturels » elle à toujours été attirée par beaucoup de choses dans des domaines différents, c’est une hypercréative et hypersensible à la beauté de la Nature. D’après une étude réalisée en France, plus de 17% de la population française âgée de plus de 15 ans partagerai les valeurs des créatifs culturels : l’écologie, le développement durable, le développement personnel, l’ouverture multiculturelle, l’entraide, la coopération et l’implication sociétale pour les incarner dans le monde.
Depuis 2003 Cédricia a agi et contribué au rayonnement des idées des » Creatifs Culturels » en France avec l’association A.B.C. Elle a eu l’occasion d’organiser notamment en 2008 la première rencontre nationale française des Créatifs Culturels C’Mai C’Vennes au coeur du Parc National des Cevennes
» Pour que ces personnes ne se sentent plus isolées ou différentes des autres comme leurs valeurs ne sont pas celles de la société dans laquelle nous vivons. Pourtant nombreux sont porteurs de projets à ambition écologique, sociale ou culturelle. Il est donc important de nous unir, nous relier d’échanger et de s’entraider « .
Premier réseau « crudi-végétalien » français en 2008.
Cédricia est aussi la fondatrice du premier réseau crudi-végétalien de France » C’Cru.fr » lancé en février 2008. Dédié à l’alimentation vivante cette plateforme permet l’échange et l’entraide sur le thème de l’alimentation crue.
» On n’oblige personne à quoi que ce soit. Chacun est libre de faire le chemin qu’il souhaite. Moi-même je ne consomme pas 100% d’aliments crus puisque j’apprécie parfois la cuisson à la vapeur par exemple. Etre » crudi-végétalien » c’est ce que les pays anglo-saxons appelle » raw vegan « . Ils sont bien plus en avance que nous sur la protection des animaux. «
Consultez le site https://ccru.fr
Que penses-tu des nouvelles technologies ? Penses-tu qu’elles peuvent nous aider à créer un monde meilleur ?
» J’ai choisi de ne pas avoir Internet chez moi, mon site étant géré par une équipe de volontaires il y a toujours quelqu’un de disponible pour l’entretien du site. Je me rends dans un lieu public pour lire mes mails et mettre à jour mes articles. Je trouve qu’Internet est un outil pour s’informer mais attention à ne pas oublier le lien dans la réalité pour communiquer. Rien ne vaut les rencontres humaines. Je suis contente de voir beaucoup de sites de véganes comme www.vegan-france.fr qui sont la preuve que la défense des animaux est importante pour d’autres personnes. «
Fondatrice du premier verger partagé en France en 2009.
Cédricia est également la fondatrice et présidente du tout premier verger partagé biologique en France en 2009 (Association C’Mai). Un espace de 2300m2 avec 56 arbres fruitiers biologiques dans un jardin expérimental au coeur du parc de Malbosc mis à disposition de la mairie de Montpellier : cerisiers, abricotiers, pêchers, pommiers, poiriers, pruniers…
« Jardiner fait partie des mes activités préférées. Et cueillir les fruits à même l’arbre de procure de la joie. « .
Chaque fruitier est parrainé par un adhérent de l’association. C’Mai aide à l’entretien du verger et les récoltes sous forme d’auto-cueillette partagé en fonction des productions du verger et selon les principes de l’association. Le plan du verger a été réalisé sous la forme d’un cœur à l’envers. Les figuiers sont plantés au Nord, les pêchers, abricotiers au Sud.
« Aujourd’hui je souhaite planter autant d’arbres fruitiers jusqu’à la fin de ma vie sur cette terre pour nous nourrir de main. Créons des espaces » écobio-logique-divers-cité « .
L’association privilégie des choix écologiques dans l’entretien du verger et est porteuse d’une éthique et la permaculture dont les valeurs sont : prendre soin de la Terre et des êtres vivants, la solidarité, le partage et la coopération. (Association C’Mai)
Cédricia n’a pas d’enfant, les aléas de la vie ne le lui ont pas permis de concrétiser cette possibilité.
« Aujourd’hui je suis célibataire et heureuse même si je n’ai pas d’enfants. Je préfère cela car les enfants de couples séparés sont blessés toute leur vie. J’aurais aimé élever un enfant végétalien. Pour moi c’est un choix à deux. «
Cédricia rappelle cependant aux parents qui souhaiteraient élever un enfant végétalien de bien respecter les règles nutritionnelles de base et de veiller à une alimentation variée en fruits et légumes.
« Je ne connais pas personnellement d’autres enfants végétaliens de naissance mais des enfants crudivores. Je ne sais pas ce qu’ils vont devenir car ceux que j’ai rencontré sont adeptes de l’instinctothérapie et cela me dégoûte de les voir manger du cadavre animal cru. «
Il est aujourd’hui beaucoup plus facile pour des futurs parents de se procurer des guides nutritionnels végétaliens adaptés à la grossesse, aux bébés et aux enfants. De nombreux blogs de parents fleurissent sur la toile pour partager leurs astuces de tous les jours face aux difficultés entourant la parentalité végane et la société de consommation. La famille de Cédricia, en avance sur son époque en 1975, n’a pas eu autant de facilités.
» Je me sens très impliquée dans le monde où je vis, j’appartiens à plusieurs groupes de réflexion ou d’action. Je me sens très préoccupée par l’état de la planète et j’essaie de voir ce que je peux faire. «
Cédricia a toujours vécu auprès de personnes malades ou en fin de vie, cela à conditionné ses décisions, et cela l’a amenée à se poser beaucoup de questions sur le sens de la vie.
» Aujourd’hui j’essaie d’être en conscience au moment où je suis, là ou je suis. Quand je danse, quand je chante, quand je fais de la musique, tous ces moments essentiels pour mon équilibre, mais aussi dans le plus petits actes du quotidien. J’apprécie la spontanéité, la bonté, la délicatesse d’un baiser, la douceur d’un sourire, la beauté des coucher de soleil sur la mer, l’air marin, la chaleur chaude d’un alizé, l’énergie de la lune, le feu de cheminée… »
Pour en savoir plus : https://www.cedricia.fr,
C’CRU https://ccru.fr/
Article par Hélène Modrzejewski pour Vegan France.